Propaganda

Objectif : Affiche militante et installation interactive

Octobre à Décembre 2024 - Illustrator, Trotec

- Campagne de Propagande

Contexte

Le projet Propaganda s'est construit en deux phases complémentaires autour d'une cause profondément personnelle : le silence qui pèsent sur les victimes d'agression et la minimisation systématique de leur parole. L'enjeu était de créer à la fois une campagne visuelle percutante et une installation interactive capable de transformer l'espace public en lieu d'expression et de libération.

Objectifs

L'objectif était double. D'une part, concevoir une affiche militante portant un message fort et immédiatement compréhensible, pensée pour être reproduite en masse et placardée dans la ville. D'autre part, imaginer un objet-installation capable d'incarner physiquement cette libération de la parole, en offrant un espace où les victimes, ou toute personne concernée, puissent s'exprimer librement et anonymement. Le projet devait rendre visible ce qui est habituellement tu, en investissant littéralement la place publique.

Logo réalisé sur Illustrator

Démarche

Phase 1 : Affiche militante — "On ne crie pas au loup pour rien"

La première phase s'est concentrée sur la création d'un logo et d'une affiche engagée. La réflexion est partie du constat que les victimes d'agression subissent souvent une double violence : celle de l'acte lui-même, puis celle du silence, de la pression sociale et du discrédit de leur parole.

Pour porter ce message, la métaphore du loup s'est imposée, en référence à l'histoire de "Pierre et le loup". Dans ce conte, Pierre finit par ne plus être cru à force d'avoir crié au loup, même lorsque le danger est réel. Cette figure illustre parfaitement la situation des victimes dont la parole est systématiquement mise en doute. Le loup devient ici le symbole de l'agresseur, celui qu'on refuse de voir ou qu'on minimise.

Face à ce loup, une femme occupe l'espace visuel. Elle s'impose, elle prend toute la place, elle hurle : "On ne crie pas au loup pour rien". Ce cri affirme avec force que les victimes ne parlent pas pour raconter des mensonges, mais pour témoigner d'une réalité vécue. Le message interpelle directement : il faut arrêter de minimiser, de douter, de faire taire.

L'affiche a été réalisée sur Illustrator en vectorisant des dessins initiaux. L'esthétique est volontairement brute et urgente, presque faite à la va-vite, reflétant l'idée d'une production en série destinée au collage sauvage dans l'espace urbain. Le texte et les visuels sont traités de manière directe pour que le message soit immédiatement percutant.

Démarche

Phase 2 : Installation interactive — La douche publique

La seconde phase consistait à concevoir le prototype d'un objet-installation à échelle réelle, pensé pour être placé sur une place publique. Le concept s'est cristallisé autour d'une douche, symbole fort et chargé de sens pour les victimes d'agression.


Le choix de la douche n'est pas anodin. C'est un moment crucial dans le parcours d'une victime après une agression : celui où l'on tente de se laver de ce qui s'est passé, de purifier à la fois le corps et l'esprit. C'est un espace intime où l'on peut être seul avec soi-même, un lieu où les émotions peuvent enfin s'exprimer. En plaçant cet objet symbolique sur la place publique, l'installation renverse l'ordre habituel : ce qui se passe dans l'intimité et le silence est exposé, rendu visible, mis en lumière.


Le fonctionnement de l'installation repose sur une interaction simple mais puissante. N'importe qui peut entrer dans cette douche, refermer la porte derrière soi et se retrouver face à un micro. À l'intérieur, chacun est libre de crier, parler, se confier, exprimer ce qu'il ou elle porte en silence. Pour une victime, cet espace offre une possibilité de libération sans jugement, sans regard, sans crainte.


Les sons enregistrés sont ensuite diffusés de manière anonyme et aléatoire via des enceintes disposées sur la place publique. Cette dimension sonore transforme l'espace urbain en caisse de résonance collective. Les paroles, les cris, les confidences investissent physiquement la place, obligeant les passants à entendre ce qu'on préfère généralement ignorer. L'installation met ainsi littéralement en lumière — et en son — un problème trop souvent relégué dans l'ombre.


Le prototype a été réalisé avec précision en utilisant la découpe laser pour fabriquer la structure de la boîte et les détails de la douche (pommeau, robinetterie). Du papier et du tissu ont été intégrés pour apporter du réalisme et de la matérialité à l'objet, le rendant visuellement identifiable comme une vraie douche tout en conservant une esthétique de prototype.


Cohérence entre les deux phases

L'affiche et l'installation se répondent et se complètent. L'affiche interpelle, provoque, affirme. L'installation offre un espace concret pour agir, pour libérer cette parole revendiquée. Ensemble, elles créent un dispositif global qui vise à briser le silence, à légitimer la parole des victimes et à rendre visible ce qui est trop souvent tu.

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